Pour vous parler un peu de moi ...
Le voici le voila ! Le tout premier article de mon tout premier blog !
Quoi de mieux pour commencer que de vous parler un peu de moi ?
Parce que mon parcours de vie à grandement contribué à façonner la psychopraticienne que je suis aujourd’hui, dans cet article je me livre (un peu) sur le cheminement qui m’a amené à être la personne, la professionnelle, que je suis aujourd’hui.
Toute ma vie, je me suis senti « à côté ». Enfant j’avais peur de tout, je trouvais le monde menaçant et effrayant.
Enfin, quand je dis que j’avais peur de tout, j’avais surtout peur des autres (et des insectes). A 5 ou 6 ans, je passe mes journées de centre aéré adossée à un pan de mur, terrorisée. J’aimerais bien aller jouer avec les autres enfants, ça a l’air chouette mais, impossible. Ils semblent tous évoluer les uns avec les autres selon une chorégraphie très précise qui m’échappe totalement et dont eux semblent parfaitement comprendre les codes. Mieux valait rester en retrait, seule.
Seule.
Voilà qui décrit bien mon enfance. A l’école c’est un peu la cata, parfois j’ai des copines, parfois non et je comprends pas pourquoi. Encore une fois, y’a des codes qui m’échappent à moi et semblent être évidents pour les autres.
Pour les apprentissages, c’est pas beaucoup mieux : « Caroline est lente. Elle ne fera jamais rien de sa vie », voilà ce que dit mon instit de CE1 à mes parents.
Je suis pas lente madame, je m’ennuie. Sauf pour les math, là je galère pour de vrai et c’est la panique parce que c’est le noir dans ma tête. J’aurais aimé entendre le terme « dyscalculie » à l’époque mais à la place j’ai eu droit à l’étiquette « nulle en math ». Et le raccourci est facile : nulle en math = stupide. Evidemment.
C’est donc avec une estime de moi au ras du sol que j’ai accueilli la puberté. Bon, sans surprise l’adolescence n’a pas été une partie de plaisir. Pas de phase de rebelle, mais plutôt un long épisode dépressif. Pensées suicidaires, automutilation et amitiés toxiques. Chouette programme.
Ouai, je vous le fais en raccourcis : c’était pas la joie.
En parallèle de tout ça, je développe des capacités de suradaptation hyper efficaces. En gros moi je sais que je suis bizarre mais ça se voit pas (enfin pas trop). Encore aujourd’hui je suis super étonnée quand on me dit que j’ai l’air à l’aise ou que j’ai pas l’air stressé : si tu savais, à l’intérieur c’est un bordel pas possible !
En troisième je découvre LE truc qui va m’aider et m’apprendre à donner le change aussi efficacement : le théâtre. J’apprends à faire semblant et franchement ça me plait. Sur scène je peux devenir quelqu’un d’autre et c’est chouette. Dans la vie j’apprends à faire rire, l’humour cette arme imparable. Je suis pas capable de l’utiliser tout le temps, mais si j’ai suffisamment de repères, c’est parti :
show time !
Parfois c’est naturel, parfois c’est forcé et artificiel. Peu importe, ça m’a protégé dans bien des situations sociales.
Alors là tu te dis peut-être « mais super Caroline grâce au théâtre tu t’en sortais hyper bien » ! Ah ah ! Non.
A mon entrée dans l’âge adulte et pour toute ma vingtaine, ma santé mentale c’est un champ de mine.
Je vais de problèmes relationnels (coucou le pervers narcissique qui me détruit psychologiquement à 21 ans, coucou les amitiés malsaines dans lesquelles je peux être tout sauf moi-même) en dépression. Mon estime de moi est catastrophique, ma confiance en moi proche de zéro bref c’est vraiment pas la joie.
Souvent j’ai l’air d’aller bien, parce que je souris, je sors beaucoup je fais beaucoup (trop) la fête, mais à l’intérieur je souffre, énormément.
A ce stade-là, je suis déjà en thérapie depuis l’âge de 13 ans, mais le chemin est long.
Je sais pas trop ce que je veux faire de ma vie mais je sais une chose : je veux aider les autres.
Alors je commence ma formation de sophro-analyste. Première étape dont je sais avec le recul qu’elle a changé ma vie. C’est passionnant, éprouvant, réconfortant, challengeant, bousculant, vivifiant… tout ça à la fois ! Je suis diplômée j’ai 23 ans, pleine d’envie mais, clairement pas prête à m’installer, dur à assumer mais il faut que je reprenne la thérapie, j’ai encore trop de trucs à régler.
La thérapie me fait du bien, je me libère de pleins de choses, mon enfance, papa maman toussa toussa… Sauf que j’arrive toujours pas à lancer mon activité parce que j’ai beau être en thérapie, j’ai beau travailler sur moi bah je ne vais toujours pas bien.
BIM, re dépression.
Je sais pas toi, mais moi je trouve que ça commence à être un peu redondant cette histoire !
A nouveau je vais mal, très mal. Cette fois la dépression éclate et me laisse amorphe mais surtout désespérée. Avec cette idée qui tourne en boucle dans ma tête : qu’est ce qui ne va pas chez moi ?
Pourquoi est-ce que moi j’y arrive pas ?
Pourquoi est-ce que j’ai tout le temps l’impression que je vais devenir folle ?
Pourquoi est-ce que je suis pas capable de juste aller bien, d’être normale ?
Aujourd’hui je sais pourquoi. La réponse est arrivée un soir de 2018 avec ma mère qui m’annonce « j’ai passé un test de QI je suis THPI, tu devrais le passer aussi».
Alors celle-là je l’ai pas vu venir !
Et me voilà, après une bonne dose de trouille et de déni avec les résultats de mon propre test de Qi dans les mains : « Le profil de haut potentiel intellectuel peut être validé. Il paraît normal de se sentir en décalage par rapport à la majorité des « autres » n’ayant pas cette finesse d’analyse, l’erreur serait de chercher à leur ressembler. »
Je ne suis pas folle. Je suis différente. WOW !
L’erreur serait de chercher à leur ressembler.
6 ans plus tard, je peux encore ressentir l’émotion vibrante de ce moment où j’ai compris que je pouvais arrêter de me torturer pour tenter devenir ce que je ne suis pas.
J’aimerais pouvoir te dire que cela a marqué la fin de mes problèmes de santé mentale mais non. La crise du covid et le premier confinement m’ont fait à nouveau traverser un épisode dépressif assez violent et aujourd’hui je suis aux prises avec des problèmes d’anxiété qui me bouffent un peu au quotidien.
Mais je suis fière de mon parcours. Il est loin d’être terminé, j’ai encore milles choses à apprendre et à découvrir sur moi et sur le monde qui m’entoure.
J’aurais peut-être toujours des problèmes de santé mentale, mais aujourd’hui j’ai acquis une stabilité intérieure qui me donne la certitude que je peux tout traverser.
Pour reprendre les mots si puissant que j’ai entendu en séance de la part de l’une de mes accompagnée : “je sais aujourd’hui que je suis forte, j’ai survécu.”